LES FOLLES AVENTURES D'ERBEFOLE EN SUISSE ET AILLEURS
(ou : tour du monde ; ou : la mondialisation vue par ERBEFOLE;
ou : bon sang où faut-il pas aller pour le boulot, les vacances,
l'inspiration ; ou : journal par ces merveilleux voyages ; ou :
je ne savais pas quoi dire sur ERBEFOLE pour mon article.)
ERBEFOLE bouge, ERBEFOLE se balade, ERBEFOLE regarde. Et je
ne sais qu'en penser. En Jordanie, j'ai clamé dans
le désert et face à des colonnes. A Pétra,
je suis resté dans les cimes rouges, à la nuit tombante,
spectateur obstiné du crépuscule d'une civilisation.
En Grèce, Romaric Bardet a vu des temples (heureusement)
et a capturé l'image de colonnes hasardeuses. En
Egypte, Aurélien Bédéneau s'est découvert
un profil égyptien. En Sicile, je me suis rappelé
à Palerme le passé des conquérants normands
(ce n'était pas un roman de Malraux), et mes cheveux roux
m'ont valu l'imprévue amitié des commerçants
du marché d'un quartier aux palais ruinés.
En Italie, à Rome, j'ai demandé une audience pontificale
(si, si). A chaque retour dans la ville, à quelques années
de distance, je tiens à escalader la coupole de Michel-Ange.
Chacun ses montagnes. En France, à Veules-les-Roses,
Joseph, Aurélien et moi avons pris des photos pseudo-romantiques
de l'artiste seul face à la mer immense. Aux Etats-Unis
d'Amérique, à Los Angeles, la musique d'Alex a été
jouée. Le compositeur n'était pas là. Mais,
à la même heure, il a eu une pensée hollywoodienne.
En Roumanie, Ilya Borodino a tabassé les invités
d'un mariage dégénéré en beuverie ;
il m'a même foutu son poing dans la gueule, avant de comprendre
que je n'étais pas roumain puisque je jurais en français
et en allemand (bon moyen de faire connaissance, pour un français
et un russe qui passaient par là.). En Inde, je
n'ai pas terrassé un éléphant (faut pas rêver),
mais par esprit religieux, je me suis couvert d'une veste au Taj
Mahal ; et dans chaque temple on m'a encouragé à serrer
les mains de dieux qui en avaient beaucoup (de mains).
En Pologne, Henrri a retrouvé sa famille, mais il ne s'est
pas posé de questions face aux monuments staliniens, puisqu'il
parlait esperanto. (Lui, pas les monuments soviétiques.)
En Allemagne, on a voulu m'enfermer dans la basilique d'Aix-la-Chapelle
: un moment je me suis vu dans Hernani, avec Charles Quint qui casse
les oreilles à Charlemagne en racontant des n'importe quoi
glorieux sur son tombeau, sans se douter qu'on veut le trucider.
(Charles Quint, pas moi.) Au Japon, Ayumi Sawada.non je
ne vais pas raconter ce qu'elle m'a dit (eh, oh le secret défense
!) En Hollande, à Amsterdam, je me souviens avoir visité
le Riijksmuseum en ayant trop bu (je dis bu, puisque je suis un
puritain genre hollandais du XVIIème siècle et donc
qui ne tient pas à fumer des herbes bizarres, je précise.)
En tout cas, j'ai été traumatisé de tant de
tableaux de paysages. Il y en avait même avec des vaches
qui pissent (vous vérifierez sur place). En Belgique,
au couronnement du roi Albert II, je n'ai pas pu m'empêcher
de chanter « Ah ça ira, ah ça ira ! ».
On m'a fichu à la porte de la cathédrale. Aucun humour,
ces belges. Ils devraient faire la Révolution, histoire de
chanter des trucs gais. Au Mexique, j'ai eu le mauvais
goût d'assister à la Révolution du Chiapas,
à part les villages incendiés et les militaires cassant
les appareils photo, c'était plein de gens sympathiques qui
devaient avoir très chaud sous leurs cagoules. Au
Canada, que voulez-vous que je fisse ? J'ai eu froid, et j'ai appris
à parler français avec des mots étranges. Tabernacle,
ce qu'on se gelait en ce beau pays, et ce n'est pas le sirop d'érable
qu'on s'envoyait dans la gueule qui pouvait y changer quelque chose
! En Angleterre, j'ai de bons souvenirs et depuis des années,
je m'acharne à persuader Henrri et Alex d'y aller. Parce
que : la musique, le thé, courir après des moutons
dans le Norfolk, les meurtres dans un jardin flegmatique. L'imagination
aime le second degré britannique, donc de temps en temps
(quand l'argent répond présent) il faut envahir l'Angleterre
(un peu mieux que Napoléon). Au Sénégal,
Clément Lemoine ne s'est pas fait gourou ni marabout. Il
a préféré photographier les chèvres.
Comme ceci il a trouvé la révélation poétique
: « la pluie tombe et la boue pousse ». En
France, à Strasbourg, Antoine Desbouys est venu, a aidé,
est reparti (veni vidi vici). A ce même festival des Arts
et Langues organisé par Henrri, Gaël Boulard a appris
à maquiller et à se maquiller. Moi, j'ai préféré
aller escalader la cathédrale. En Espagne, à
Figueroa, au musée Dali, j'ai eu une crise d'identité
surréaliste : dommage qu'Henrri n'ait pas été
là, il aurait compris pourquoi les cadavres exquis me posaient
désormais problème. Sinon, à Séville,
Cordoue, Grenade, j'ai ramené des motifs décoratifs
pour ERBEFOLE, mais pour le flamenco, il faudra revenir.
En Espagne encore, Ayumi Sawada a vécu une année,
à Madrid. Cela nous a valu la belle traduction hispanique
du manifeste. Par ailleurs, elle a dû apprendre à prononcer
les films anglais avec l'accent castillan. Au Maroc, je
n'ai pas pensé à ERBEFOLE. Je me suis senti
plus respectueux des mosquées, où j'ai trouvé
une rare sérénité. En Turquie, à
Istanbul, j'ai dessiné des coupoles, je ne voyais que la
Chute de l'Empire Byzantin, en technicolor et scope (ô 1453
!), mais comment le dire aux Erbefeus qui n'aiment pas l'Amérique.
En Thaïlande, j'ai eu honte de pouvoir acheter un billet
d'avion, lorsque je vois les enfoirés d'occidentaux qui viennent
défouler leur pédophilie. A part ça, mon avion
de retour s'est mis à brûler : pendant six heures de
suite, on a tourné au dessus de Bangkok, l'équipage
essayant désespérément d'éteindre l'incendie
dans les soutes. Pendant six heures, je me suis dit que c'était
la fin, et j'ai donc écouté sans arrêt du Beethoven.
Mis à part Beethoven, j'ai les sensations nécessaires
pour tourner un film catastrophe. Aux Etats-Unis, je suis
rentré une fois avec un passeport non valide. Les autres
fois, je me suis arrangé pour être tout de même
en règle. Au Texas, je n'ai pas acheté d'arme.
A Hollywood, je n'ai pas eu d'idée hollywoodienne. A
Washington, j'ai pour une fois détesté les colonnades.
A New York, j'ai résidé entre deux tours. A mon second
séjour new-yorkais, il m'a fallu déménager.
C'était un hiver triste, celui de 2001. New York m'a obligé
à écrire. Antoine Desbouys, au téléphone,
s'est demandé ce que j'avais écrit. Dans les déserts
de l'Utah, du Nevada, j'ai marché, marché : ces souvenirs
me touchent encore de leur horizon. En France, à
Avignon, Clément Lemoine a failli être étranglé
par une baguette. La guerre a été absolument épique.
Malheureux que je ne sois pas ministre pour décorer Clément
d'une médaille pour l'honneur. En France, à
Lyon, Antoine Desbouys et moi sommes restés très perplexes
devant des tableaux d'Histoire du XIXème siècle. Après
nous avons joué à nous massacrer mutuellement en vaines
discussions philosophiques. C'était hilarant. En
France, à Paris, le 31 décembre 1999, Joseph CKL,
Jérôme Chauvin, Aurélien Bédéneau,
Gaël Boulard et toute une autre troupe de joyeux lurons (y
compris de joyeuses américaines) sont venus : ils ont réussi
à envahir mon appartement, mais je dois avouer que ce soir
nous avions une sérieuse concurrence si nous voulions envahir
Paris. En France, à Lille, Ilya Borodino a débarqué
: nous avons écrit dans une église. Depuis, à
chaque passage à Lille, je vais dans cette église
lui passer le bonjour de ma Cassandre ainsi que les amitiés
de Lénine. En Bretagne, nous sommes allés
plusieurs fois : les barbares normands et français (ou bretons)
envahissent le très autochtone Henrri : Joseph, Eric L.,
Mélaine Desnos, Aurélien, Gaël, Jérome,
moi : tous nous avons successivement envahi la plage avec une digne
voiture de combat, une caméra, un landau et un cerf-volant.
ENFIN, en Suisse, à Lausanne, nous sommes venus et eut
lieu la signature d'un serment historique entre les helvètes
Jeanne Durussel et Laurent Burgbacher et les français Henrri
de Sabates et Fabien Bellat. Ce traité exceptionnel visait
ni plus ni moins à tourner un film, traumatiser les gentils
habitants de Lausanne et dévaliser toutes les banques ouvertes
le week-end. Si vous voulez des nouvelles du butin, vous pouvez
toujours courir : nous avons partagé le chèque et
les douaniers à la frontière, malgré une fouille
très suivie, n'ont pas trouvé nos 127 lingots d'or
(pourtant, ce qu'elle était lourde, la voiture). Leurs chiens
de montagne ont vraiment mauvais odorat. Conclusion : bon,
voilà. Vous êtes contents, vous l'avez eu votre tour
du monde ? Mais je signale tout de même que j'ai été
obligé d'un peu beaucoup parler de moi. Aussi, histoire de
compléter collectivement le bilan, je suggère à
haute voix que ERBEFOLE se BOUGE ! Je ne demande pas le Pérou
ni la Chine, je conseille plutôt un petit tour en Belgique,
en Angleterre : nos finances estudiantines peuvent nous permettre
cela -et cela nous rappellera que nous avons encore des jambes pour
varier D'ATMOSPHERE. F.B., 5 décembre 2002.
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Une visite en Normandie
Une certaine distance géographique existe entre les
membres d'ERBEFOLE. Ce week-end, alors que mon amie ne pouvait revenir
à Orléans (où je vis), je n'eus pas envie de
rester seul, il me fallait la présence de caramades et de
loisirs. Ayant contacté auparavant Fabien, il m'avait
prévenu qu'il ne serait pas à Paris mais en Normadie,
ayant un travail à réaliser avec Alex. Orléans
et Rouen sont deux villes assez faciles à joindre en voiture.
Aussi le samedi en fin d'après-midi, je pus rejoindre d'abord
la maison d'Alex à Bierville. Là, dans ce bocage normand
assez retiré, je pus voir les deux compères s'escrimer
autour d'un piano et d'une caméra : le compositeur harcèle
le clavier, l'écrivain donne sa vision imagée.
Je reste en retrait. C'est une règle de conduite ; on finit
le travail puis on se retrouve. Lorsque le clavier se referme on
pousse tous un soupir de soulagement. On y est arrivés. Maintenant
on peux passer à autre chose. Dehors le soleil est généreux.
Un peu d'air ne nous fait pas de mal.
Le lendemain, Fabien est quelque peu gêné. Suite
à plusieurs impératifs il regrette de ne pouvoir m'offrir
la meilleure hospitalité. Il est vrai que nous nous voyons
rarement. Je dois donc me douter qu'il réserve une surprise.
Cette fois-ci c'est lui qui conduit. En premier lieu nous allons
chez une de ses amies, dont le père est fermier. Moi, l'urbain
typique, je n'ai guère l'habitude d'une cour de ferme, j'ai
sûrement l'air déplacé dans la basse-cour, avec
la volaille dans la boue. Fabien, lui, est parfaitement à
l'aise. Je me rends compte que je connais surtout de lui l'apparence
de l'intellectuel parisien. Je suis donc curieux de le voir en bottes,
silouhette longiligne dans un long manteau de chasseur. Il ne lui
manque plus que la carabine et le chien fidèle. Franchement
j'ai l'air ridicule dans les bottes qu'il m'a prêté.
Ensuite, comme je ne connais rien aux chevaux, la conversation m'échappe.
Le fait que je soit d'origine russe ne suscite qu'une polie curiosité.
Je préfère cela - souvent j'ai droit à des
discours manquants de tact. Les gens d'ici me jaugent sans aménité
: comme à tout le monde, il me sert un de ces verres de calva...
Bien que conduisant Fabien ne refuse pas celui qu'on lui sert :
parce qu'il ne faut surtout pas dédaigner l'hospitalité
d'un Normand sur sa terre (la vendetta existe aussi ici). Le plus
drôle est qu'il s'efforce discrètement d'en boire le
moins possible (il conduit peut-être vite mais avec prudence)
tout en veillant que les maîtres de maison ne s'en aperçoivent
pas. Ruse de Normand... En sortant je me rends compte que ces
petits verres m'ont abruti. Dans la voiture on éclate de
rire. Fabien a l'habitude de cette coutume, seulement il a oublié
de me prévenir. C'est notre petite mésaventure.
Ceci dit je ne sais toujours pas où il m'emmène.
Fabien est quelqu'un qui parle normalement voire beaucoup à
l'occasion, mais là il a parfaitement su distraire mon attention.
A quoi joue-t-il ? Je m'informe d'un petit récit que
Fabien a achevé depuis peu, il me demande où en est
ma dernière nouvelle. Bien sûr nous pensons aux autres
membres d'ERBEFOLE, dont Sébastien que j'aurais pu croiser
sur la route, puisqu'il se rendait en banlieue parisienne, pour
quelque chose sur l'espéranto. Par la fenêtre,
je vois un paysage qui ne m'est guère familier. Nous
sommes près de Vascoeuil, dans ce bocage vallonné,
aux collines couvertes de hêtres impressionants, vastes forêts
qui semblent prêtes à étouffer des villages
me paraissant aussi jolis que mélancoliques. La région
est reculée. Elle sent un certain vide. L'endroit est interdit
à ceux qui ne le connaissent pas. Fabien me l'indique en
quelques mots. Lui aussi connaît une forme de sentiment lugubre
face à ces clochers aigus, aggressifs au milieu de champs
désertés. Enfin nous arrivons à destination.
Le silence de Fabien a le don de m'inquiéter. Autant notre
conversation est amicale, autant les pauses muettes deviennent propice
à l'anxiété. Dans les silences de Fabien je
sens remuer des pensées terribles.
Sur la pancarte à l'entrée du village je lis :
Brémontier-Merval. Les hautes toitures affirment clairement
ce qu'on recherche. Un château. Perché sur la colline
le bâtiment a une masse inquiétante. Ce machin domine
d'assez haut les masures des paysans. Au soleil voilé, avec
une légère brume, le château apparait comme
derrière un voile. Je trouve l'endroit sinistre. La vallée
est belle mais elle sent trop une autre époque. Je pensais
la France moderne, en vérité elle me semble parfois
aussi archaïque que ma Russie. Sans hésiter Fabien
est rentré dans le parc. Peu rassuré, je le suis.
Je crains de rencontrer un gardien qui nous chasserait du domaine
- tels des serfs renvoyés par le seigneur. Pourtant,
de son allure martiale et plutôt aristocratique pour l'occasion,
Fabien file tout droit vers le château, n'accordant pas la
moindre attention aux communs et au verger. Rapidement il saisit
mon angoisse, donc il me précise que c'est jour de brassage
des pommes, que tout le village fait du cidre, comme le château
est devenu un lycée agricole, nous sommes sûrs de croiser
personne puisque tous sont autour du pressoir. Quel diable d'homme
! Il a bien choisi son jour ! Moi qui croyais voir en lui uniquement
un intellectuel... N'empêche ce château me fait
froid dans le dos. Il est trop seul. Il respire trop l'orgueil d'un
hobereau qui a voulu étendre l'ombre de ses acérées
toitures sur le village. Quoique le château soit du XVIIème
siècle, il tient encore du féodal : l'allure, les
hauts pavillons cernant le corps central, tout ressemble à
des tours dominant le fief. Nota : ce genre de description, je l'emprunte
tel quel à Fabien ; sinon je serais bien incapable de décrire
un château français ! Fabien tourne autour, il
observe, son regard se tait mais on le sens à l'affût.
Il ne se laisse pas posséder par les détails. Il veut
l'essentiel. Ce qu'il capte, c'est une atmosphère, avec le
lieu il reconstruit l'Histoire.
Plus tard, après que nous ayons arpenté tout le
domaine, Fabien me confie qu'il cherche des matériaux pour
son roman. Evidemment il ne me dit pas par quel renseignement obscur
il a trouvé ce château franchement difficile à
rejoindre tant la région est isolée et manque de routes.
Dans la foulée il ajoute qu'il cherche encore où faire
vivre l'un des personnages féminins de son livre. Peut-être
Merval conviendrait. Suffisamment éloquent, orgueilleux,
dans un paysage dont la beauté peut rapidement dévier
vers le lugubre, avec un temps mélancolique. Bon sang,
à quoi donc ressemblera ce mystérieux roman ?
Ce roman pour lequel on l'a vu se déplacer partout en Europe,
chercher des documents visuels incroyable. Je sais que quelques
rares scènes se passent en Normandie. D'où cette excursion
devant le château de Merval, alors qu'il a déjà
retenu d'autres châteaux. Il paraît qu'il utilise
ces lieux comme de points de rebondissement narratif. Une scène
tient à un certain esprit du lieu. Le placement de la scène
obéit à une composition destinée à un
certain état d'esprit. Pourquoi des endroits pareils ? Chez
Fabien le poids de l'Histoire ne devient pas un souvenir pénible
mais se mue en ressort humain, narratif. Un lieu où s'exprime
l'Histoire n'est qu'un prétexte. Il est un carnaval en soi.
Je sais qu'avec ce château il se mettra à construire
quelque chose de désincarné, d'inquiétant.
Je le comprends : il faut dire que Merval se prête à
ce genre de comédie funèbre. D'autant que nous
ne croisons vraiment personne. A croire que le château lui-même
est un spectre. Avec le froid d'hiver, j'ai plutôt envie de
partir. Mais Fabien me dit enfin ce qu'il veut faire de Merval,
à ce moment j'oublie ce qui nous entoure, je ne peux qu'écouter,
fasciné. En quelque sorte je croyais le connaître.
Faux. Il porte tout un univers avec lui. J'ai l'impression d'entendre
des cloches, tout un carillon dans la neige, un peuple entier défilant
devant les murs altiers, avec l'angoisse de ce qui s'y cache*. Oui,
de cela peut naître quelque chose de grand. Je le sens. Il
a l'art de la promesse réalisée.
Ilya Vassilievitch BORODINO Merval, 20 octobre
2002
* P.S : En relisant mes notes d'impression du moment, j'ai plutôt
réécrit un souvenir du film d'Eisenstein, Ivan
le Terrible, mais il est évident quant au projet de passage
à Merval que Fabien m'a parlé de tout autre chose.
Pour des raisons évidentes de discrétion, je ne redis
pas ses propos. Non qu'il me l'ait interdit (pour lui, que j'écrive
ou non sur cette rencontre est mon affaire, qui ne le regarde pas)
mais tout projet d'ampleur doit appartenir à son auteur,
jusqu'à ce qu'il le révèle lui-même.
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La bataille pour rire d'Ilya Borodino
et Fabien Bellat
Lorsque Fabien vient chez moi, nous échangeons quelques
paroles, boites à idées.
Je connais depuis peu le cercle Erbefolien, et leur enthousiasme
me donne envie de m'emparer du cerceau créatif !!
En rencontrant Alex Fontaines, j'ai été happée
dans un travail collectif, et j'ai été surprise par
l'étrange binome que formaient Fabien et Alex. Ils regardaient
autour d'eux, et au fond d'eux mêmes, et semblaient jouer
à souffler des bulles de savons, bulles à idées.
Ils regardaient émerveillés les mots se mélanger,
donner du sens, ou du non-sens, qui au final faisait sens !!
J'ai rencontré aussi Ilya Borodino, qui est plus timide,
et plus énigmatique.
Curiosité, enthousiasme, ironie, mélancolie, les
yeux de Fabien et d'Ilya exprimaient ce même souci de comprendre
et de jouer avec une réalité regorgeant de combinaisons
multiples.
Ils ont du reste décidé d'écrire deux textes
en parallèle : L'échange devait être temporel,
culturel, avec un village, un personnage fantastique, tragique.
Ilya a choisi un personnage pseudo russe soviétique, Fabien
un pseudo français du 19ième siècle.
C'est Fabien qui utilisait ce terme de "pseudo", pour
échapper à la lourdeur d'un texte pseudo-parfait !
Ilya a écrit "Le passager spécial", histoire
de l'apparition de la mort personnifiée dans un train soviétique;
Et Fabien "Le chevalier revenu", un retour fantomatique
d'un chevalier vengeur, décrit par un bourgeois du 19ième
siècle.
Les deux textes doivent d'ailleurs être sur le site
Les textes se répondent l'un à l'autre, se croisent,
se reflètent, pour au final former un tout, quasi cohérent.
On pourrait croire que les deux textes ont été écrits
en même temps !
La correspondance s'est faite aussi d'un point de vue "technique",
Ilya habite en effet depuis un peu plus de dix ans en France, et
ne trouve pas toujours la traduction exacte à ses idées.
Fabien a donc "revu sa copie" (l'absence d'article défini
en Russe pose des problèmes de traduction), puisqu'il a des
notions de Russe. Fabien me
disait que ce n'était d'ailleurs pas la première fois
qu'Ilya travaillait en binome, et qu'Henrri l'avait également
aidé (ayant lui aussi des notions de russe), dans "Une
visite en Normandie".
C'est peut être un détail un peu pompeux, mais il ajoute
à la concorde, et à la concordance des textes; si
Fabien m'entendait, ce dont il ne faut pas douter, il dirait que
nous allons bientôt chanter un air grégorien !!
Pour information, j'ai subtilisé un document à Fabien
qui me semblait intéressant. Il s'agit de la trame de leur
travail, avec le tableau des correspondances entre les deux textes.
Je vous laisse donc lire ces deux textes, et dès que je trouve
un scanner, je vous dévoilerai ce document confidentiel,
à la condition bien sûr, que cela reste entre vous
et moi !!
Edwige CORE
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